- LE BIEN PUBLIC - 17 Avril 1996 -

La peinture de Tapiézo comme initiation à la vie

L'artiste-peintre Tapiézo met son art, et surtout toute son âme, au service d'enfants, société de demain. La catastrophe, c'est la violence qui monte, la télévision remplaçante de parents démissionnaires, comme verrous successifs... Il est parti, le Don Quichotte, initier les enfants à l'expression, à travers la peinture : intense bonheur du peintre d'enfants en liberté.

Stupéfiant monsieur, Tapiézo porte comme une croix, et jusqu'à l'émotion, l'avenir incertain des enfants. La peinture, c'est son truc, il peint "comme il respire", mais l'empêche d'être heureux la constatation d'un manquement des adultes vis-à-vis des enfants, alors que selon lui "C'est maintenant qu'il faut se défoncer", et montrer le chemin aux adultes de demain.

Il a souhaité, comme une démarche d'amour, une méthode qu'il résume au verbe "Oser"... et qu'il commence à diffuser au sein des écoles qui en font la demande. Quand d'autres parlent chevalet, pinceau, à qui l'on peut répondre : "Je ne sais pas, je n'ose pas" il propose aux enfants une planche de bois, du sable, des couleurs, une truelle ou les doigts. Tapiézo ne demande pas "Dessine-moi un chat", ne se permettant pas l'exigence, comme une ouverture, une thérapie, déclenchement d'une démarche naturelle inconsciente vers l'artistique. Sans dirigisme, en retour les enfants ne posent pas la question et s'attellent à la tâche, tout spontanés qu'ils sont.

Tranche de vie autrement

Valorisation de l'enfant, oubli des conventions, dont il ne fait toutefois pas une croisade ; juste "La confirmation d'un début d'attention tournée vers les enfants", pour un langage artistique simple, un langage du coeur.

Tapiézo a initié, deux jours durant, les enfants de maternelle de l'école Saint Dominique, dirigée par Soléa Durand-Stuart. Disponible dans sa tête et serein, il avoue n'avoir jamais été déçu, toujours émerveillé de ces instants pour lui "magiques", de ces enfants, de ces adolescents qu'il croise, au fil de ses missions, libérés au contact du peintre, des contraintes. Tapiézo veut ainsi débuter le "travail de fond d'une histoire qui commence, aider les petits, interpeller les grands", leur offrir une "tranche de vie autrement" pour mieux voir, mieux entendre, jeter des bases saines à leur vie à venir.

- Liliane Metzger -